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Frères et sœurs, cette parabole dite des ouvriers de la dernière heure, nous révèle plusieurs vérités ; d'abord, nous sommes tous appelés à la vie éternelle et cette vie éternelle commence dès ici-bas dans le quotidien. Sans cesse le Seigneur vient à notre rencontre, patiemment, inlassablement. Il ne se décourage jamais. On pourrait trouver que l'attitude de ce maître est injuste. Il donne le même salaire à ceux qui ont travaillé une heure et à ceux qui ont sué toute la journée. Nous avons bien compris que cette pièce, c'est à la fois Jésus lui-même qui se donne à nous, c'est aussi la vie éternelle, l'amour éternel que Dieu donne à ses enfants. Or l'amour ne se mesure pas comme on mesure une quantité de farine. L'amour, il se donne tout entier ou il ne se donne pas. Les premiers qui râlent, râlent parce qu'ils sont jaloux et finalement ils ont œuvré pour la récompense, non par amour. En réalité, ils n'aiment ni le Seigneur, ni leur prochain.
Le Seigneur tend la main jusqu'au bout ; il laisse une chance à son enfant de renoncer au mal et de choisir la vie, la lumière. Rappelez-vous le bon larron.
Cette parabole nous révèle l'amour infinie de notre Dieu qui ne veut pas qu'aucun de ses enfants se perdent mais que tous puissent être sauvés. « Le Seigneur notre Dieu est riche en pardon. Le Seigneur est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d'amour. La bonté du Seigneur est pour tous. »
Nous sommes invités à accueillir cet amour, cette bonté, cette patience, cette douceur de notre Dieu. Nous pouvons parfois nous trouver indignes de cet amour, nous pouvons croire que Dieu ne peut pas nous pardonner. Cette parabole et toute la parole de Dieu nous montre le contraire. Il n'existe rien que l'amour infini du Seigneur ne puisse illuminer, il n'existe rien de plus puissant que l'amour du Seigneur, même pas nos fautes, aussi terribles puissent-elles nous paraître. Accueillir l'amour de Dieu dans nos vies, voilà ce que Jésus nous propose.
Il y a cependant une obstacle à cet amour : l’orgueil et l’égoïsme qui lui est étroitement lié. L'orgueil de croire que je mérite la vie éternelle ou les récompenses parce que je fais tout ce qu'il faut comme je l'ai imagé au début de cette homélie. La pratique religieuse impeccable mais vide d'amour. Dieu ne supporte pas la pratique extérieure qui n'a aucune incidence sur le cœur. « ce peuple m’honore des lèvres mais son cœur est loin de moi. » C'est l'attitude des vignerons qui ont travaillé toute la journée et qui croient qu'ils auront plus que ce qui avait été prévu au départ.
L’égoïsme qui consiste à me moquer des autres et à ne penser qu'à moi, tout en imaginant que, de toute façon, Dieu me pardonnera puisqu'il est amour. Cela aurait pu être, mais ça ne l'a pas été, l'attitude des travailleurs qui se seraient cachés exprès toute la journée pour apparaître vers 5 heures, n'avoir à travailler qu'une heure et toucher eux aussi une pièce d'argent. Mais ça ne marche pas comme ça.
Nous ne pourrons être sauvés qu'en aimant, gratuitement, sans calcul. « Aimer c'est tout donner et se donner soi-même » écrivait Saint Thérèse. C'est dans le don de nous -même que nous accomplissons notre vocation humaine, c'est dans le don de nous-même, à l'image du Christ qui a donné sa vie par amour pour nous, que nous ressemblons à celui qui nous a crée. C'est dans le don que nous trouvons la vie, le bonheur, dès ce monde. Réjouissons-nous que le Seigneur appelle tout homme à travailler à sa vigne. Réjouissons-nous de l'amour du Seigneur pour nous et pour tous et vivons cet amour ; il est la clé du Royaume des Cieux. |